Les agents de la GRC découvrent la région et doivent donc apprendre les techniques de survie de base. Les Autochtones leur transmettent leur savoir de plusieurs manières : ils sont recrutés – parfois au pied levé – dans les rôles de messagers, guides, éclaireurs, interprètes, chasseurs, pêcheurs, bûcherons ou cuisiniers.
Le gendarme spécial Andrew Stewart charge un traîneau, patrouille d’Aklavik, 1946. Archives des TNO/N-2005-001:0093
Il leur fallait absolument apprendre à se débrouiller. À survivre. Il a fallu former ces agents, qui n’étaient pas d’ici, se retrouvaient tout à coup dans un environnement rude et glacial, et devaient apprendre à survivre.
Le gendarme spécial Andrew Stewart prépare un repas au camp, patrouille d’Aklavik, 1946.
Archives des TNO/N-2005-001:0095
Le gendarme spécial Peter Esau (à gauche) guide Garner King et le gendarme Bob Knights vers le lac Fish, Sachs Harbour, 1958.
Archives des TNO/N-1993-002:0277
Coupe de bois de chauffage, 1922.
Archives des TNO/N-1979-004:0238
Interprète de la police transportant de l’eau, Aklavik, années 1920.
Archives des TNO/N-1991-041:0029
Les détachements et postes voyaient le jour dans les villages et régions où avait lieu une certaine activité commerciale, que ce soit la pêche à la baleine, le trappage ou l’exploitation minière. Des dizaines de postes furent érigés entre Fort Constantine (Forty Mile, au Yukon) et Lake Harbour (Kimmirut, au Nunavut), et au nord jusqu’à l’île d’Ellesmere. Certains de ces détachements existent encore aujourd’hui.
De même, les patrouilles parcourraient d’immenses distances dans les contrées reculées des trois territoires actuels – avant 1999, ce qu’on appelle aujourd’hui le Nunavut faisait partie des Territoires du Nord-Ouest.
Photo à l'arrière-plan : Détachement à Resolute Bay, 1949. Bibliothèque et Archives Canada/Quartier général de la Défense nationale, 126784
Les gendarmes spéciaux et la population du territoire savent mieux que quiconque préparer des attelages de chiens pour effectuer de longues et difficiles patrouilles. Ces patrouilles permettent au nouveau gouvernement canadien d’imposer sa présence dans le Nord. Les gendarmes spéciaux affrontent tempêtes de neige et températures glaciales pour apporter le courrier et les journaux et rendre visite à la population.
Photo à l'arrière-plan : Le gendarme spécial Andre Jerome en patrouille à Arctic Red River [Tsiigehtchic] à Inuvik, 1957. Archives des TNO/N-1993-002:0004
Ils n’avaient jamais voyagé avec un attelage auparavant. Parfois, les chiens s’enfuyaient, et les agents tombaient du traîneau, les quatre fers en l’air. Ça arrivait, mais ils apprenaient vite.
Albert Elias, au sujet du travail de son oncle, le gendarme spécial Moses Raddi.
Avant l’avènement des motoneiges, la plupart des familles du Nord avaient leurs fidèles chiens de traîneau, dont il fallait s’occuper au quotidien, été comme hiver. On leur donnait de la viande et du poisson, souvent cuits, surtout pendant la saison froide.
Les chiots de la GRC Peter et Paul, Sachs Harbour, 1958. Archives des TNO/N-2005-001:0176
Le travail des gendarmes spéciaux était difficile : ils devaient par exemple avancer en raquettes devant les chiens pour les aider à se frayer un chemin dans la neige.
La patrouille de Dawson à Fort McPherson ouvre la voie, années 1920. Archives des TNO/N-1979-067:0061
Les patrouilles à traîneau empruntaient les pistes traditionnelles utilisées par les habitants. Les gendarmes spéciaux les connaissaient bien, et ils savaient aussi prévoir la météo, traverser les zones difficiles et survivre dans la nature. Les connaissances traditionnelles de survie dans la nature étaient indispensables.
Le gendarme spécial Peter Esau et le gendarme Bob Knights en patrouille vers Holman Island [Ulukhaktok], 1958. Archives des TNO/N-1993-002:0178
Photo à l'arrière-plan : Chien de tête de la GRC, détachement de Fort Rae, 1926. Archives des TNO/N-1987-016:0618
Pendant la belle saison, rivières et lacs servent de lieux de passage pour se rendre d’un village à l’autre. Les patrouilles d’été sillonnent les voies navigables à bord de baleiniers, de goélettes et de canots guidés par les gendarmes spéciaux.
Jimmy Akavak, Sandy Akavak, et Matthew Akavak en compagnie des gendarmes McLaughlin et Marchbank, patrouille de l’Arctique de l’Est, Lake Harbour [Kimmirut], TNO, 1944. Archives des TNO/N-2005-001:0249
À leur arrivée aux Territoires du Nord-Ouest, les gendarmes ne connaissent pas les langues parlées par les Autochtones.
Ils font donc appel à des interprètes, qui les aident au quotidien, pendant les patrouilles et dans leur travail auprès de la population. De nombreux gendarmes spéciaux et interprètes parlent à la fois une ou plusieurs langues locales, le français et l’anglais.
Les personnes qui parlent plusieurs langues sont très précieuses pour la GRC, en particulier dans les forces de l’ordre et les escouades d’intervention.
Le gendarme spécial Vital Thomas, Rae [Behchokǫ̀], 1962. Archives des TNO/N-2003-037:0188
Ma mère parlait gwich’in… les gens venaient voir mes parents s’ils voulaient faire passer un message à la GRC et qu’ils avaient besoin d’aide. Mes parents jouaient alors les interprètes auprès du sergent en chef ou du caporal. Les gens du village se sentaient plus à l’aise avec [mes parents] qu’avec les agents de la GRC.
Louise Reindeer, à propos du travail de son père, le gendarme spécial Johnny Reindeer
Des vêtements chauds et bien confectionnés assuraient la survie et le confort des membres de la GRC dans la nature. Les femmes utilisaient des modèles et des matériaux traditionnels, comme la fourrure de carcajou et la peau de phoque, de caribou et d’orignal. Elles savaient également comment confectionner des harnais, des fouets, des petites bottes et de belles couvertures pour les chiens.
La GRC et ses amis exhibent leurs vêtements d'hiver. Old Crow, 1954. Archives des TNO/N-1979-062:0145
Ma mère fabriquait des parkas pour la GRC. Avez-vous remarqué les bandes jaunes sur les serges brunes que portent les agents de la GRC? C’est ma mère qui les cousait. Elle faisait toute sorte de vêtements pour la GRC : des canadiennes, des mukluks, des mitaines en laine avec des cordons. Elle préparait également de la bannique, de la viande et du poisson séchés pour les longs voyages.
Archives des TNO/G-1995-001:0570
Archives des TNO/G-1995-001:0013